

Louer une poule, nouvelle mode contre la flambée du prix des oeufs aux Etats-Unis
Choquée par la flambée des prix des oeufs et leur rationnement dans les supermarchés américains, Yong-mi Kim a décidé de louer des poules pondeuses pour assurer son approvisionnement.
Cette habitante de La Crescenta, près de Los Angeles, a opté pour cette solution intermédiaire, car elle n'était pas encore prête à devenir totalement propriétaire de ces animaux.
"Je veux vraiment essayer pour voir si ça me plaît", confie-t-elle à l'AFP en recevant ses deux gallinacés et tout le matériel pour les élever.
"Certaines personnes de mon entourage ont des poules chez eux, mais cela leur demande beaucoup de travail : ils ont dû aménager tout leur jardin", raconte cette professeure d'université. "Donc je pense que louer une poule est un bon début."
Pour cela elle passe par le projet "Rent the Chicken", créé il y a une dizaine d'années en Pennsylvanie.
Depuis, ce service s'est étendu à plus de 40 villes à travers l'Amérique du Nord, en s'appuyant sur des partenariats avec des agriculteurs locaux.
Mais le phénomène a vraiment explosé à cause de la récente épidémie de grippe aviaire. A cause d'elle, des élevages entiers de poules ont été abattus et le prix des oeufs s'est envolé.
"Cette année en particulier, nous constatons un intérêt beaucoup plus élevé, je dirais trois à quatre fois plus qu'à la même période l'année dernière", observe Victoria Lee, qui dessert la région de Los Angeles depuis sa ferme d'Agua Dulce, en périphérie de la mégalopole.
Au pic de la pénurie, les Américains ont déboursé plus de 10 dollars pour une douzaine d'œufs, soit jusqu'à trois fois leur prix habituel. Les supermarchés ont aussi été forcés de limiter le nombre de boîtes autorisées pour chaque client.
L'"eggflation" est ainsi devenue un marqueur emblématique de la hausse du coût de la vie, qui a tant pesé lors de la dernière campagne présidentielle.
Donald Trump s'est engagé à lutter contre l'inflation des produits alimentaires. Mais depuis son retour à la Maison Blanche, le prix moyen des oeufs a légèrement augmenté, et au mois de mars, il demeure 60% plus cher par rapport à la même période l'année dernière, selon le ministère américain de l'Agriculture.
- Qualité et protéines -
Si louer une poule ne revient pas vraiment moins cher que d'acheter des oeufs en magasin, cela permet au moins de gagner en qualité, selon Mme Lee.
"Lorsqu'ils arrivent au supermarché, les oeufs ont en moyenne entre 48 et 60 jours", explique l'éleveuse. "Plus les oeufs restent longtemps en rayon, quelle que soit leur qualité initiale, plus les protéines qu'ils contiennent se dégradent."
Le service propose différentes formules pour louer des poules, allant de 500 à 1.000 dollars pour six mois, selon le nombre de volailles et le lieu d'habitation.
Ces prix comprennent notamment les poules, leur nourriture, les abreuvoirs et mangeoires, ainsi qu'un guide pour les élever. Et surtout, un poulailler d'une qualité remarquable, sorte de mini-maison avec patio, entouré par une clôture et entièrement fixé sur des roulettes.
"Chaque jour, nos locataires soulèvent le poulailler et le déplacent pour que les poules puissent avoir accès à de l'herbe fraîche", détaille Mme Lee. De quoi permettre aux volailles de picorer "de nouveaux insectes (...) tout en étant protégées des prédateurs".
Mme Kim, sa cliente, a été particulièrement séduite par ce concept. Tout comme par la douzaine d'oeufs gratuits offerte lors de la livraison de ses poules, qui avaient pondu la semaine précédente.
Avec deux poules dans son jardin, elle peut désormais s'attendre à récolter jusqu'à 14 oeufs par semaine. Une quantité qui devrait être bien utile pour son fils sportif, qui en raffole comme source de protéines.
Mais au-delà d'une solution en temps de crise, la professeure espère "plus" de ce projet.
"Je voulais vraiment offrir quelque chose qui permette aux enfants d'apprendre un mode de vie et de comparer le goût des oeufs", conclut-elle.
G.al-Khater--BT