

Macron va enchaîner les rendez-vous pour afficher son "ambition européenne"
Une conférence pour attirer les chercheurs américains, une rencontre pour "retrouver le réflexe franco-allemand", puis un traité franco-polonais inédit: Emmanuel Macron enchaînera la semaine prochaine les rendez-vous pour mettre en scène son "ambition européenne".
Dans l'attente d'un "signal russe", encore très "incertain", sur la possibilité d'un "véritable cessez-le-feu" en Ukraine, le président français a prévu de renforcer les liens avec deux alliés clés au sein de l'Union européenne, l'Allemagne et la Pologne, a expliqué mercredi l'Elysée à la presse.
La semaine s'ouvrira lundi avec une conférence intitulée "Choose Science, Choose Europe" et organisée à la Sorbonne, prestigieuse université parisienne, pour attirer les chercheurs étrangers, notamment les Américains ébranlés par les politiques de Donald Trump. Emmanuel Macron aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Il va plaider auprès d'elle, selon son entourage, pour que "la Commission accélère dans sa traduction concrète" des initiatives prises ces derniers mois en faveur de la compétitivité et du renforcement de la défense des Vingt-Sept face au désengagement américain.
Cette "accélération", la France entend l'afficher dans ses propres alliances, avec une succession d'événements qui marquent "un aboutissement et aussi une sorte de nouveau départ de notre ambition européenne", a avancé un conseiller du chef de l'Etat.
Dès mercredi 7 mai, au lendemain de son arrivée officielle à la tête du gouvernement en Allemagne, le nouveau chancelier conservateur Friedrich Merz est attendu à Paris. Et avec une certaine impatience, tant les points de friction ont été nombreux sous le mandat de son prédécesseur social-démocrate Olaf Scholz.
- Trêve "insuffisante" -
La présidence française salue une "volonté de la part du chancelier Merz, très clairement marquée y compris dans le contrat de coalition" avec les sociaux-démocrates, "sur le fait de retrouver le réflexe franco-allemand".
Les deux hommes ont déjà commencé à travailler depuis les élections allemandes de février et vont donc entrer directement dans le vif des dossiers, fait valoir l'Elysée.
Ils souhaitent d'abord "solder les malentendus" en vue d'une "resynchronisation", selon l'expression d'un conseiller d'Emmanuel Macron, qu'il s'agisse des questions liées à l'énergie ou au commerce.
Ensuite, ils visent une "accélération" d'un "agenda franco-allemand de croissance et de compétitivité pour l'Europe", avec des positions conjointes sur la simplification réglementaire, l'union des marchés de capitaux, l'investissement public et privé.
Jeudi, pour les 80 ans du 8 mai 1945 et de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Emmanuel Macron doit présider une cérémonie nationale à l'Arc de Triomphe. "Nous n'avons pas d'événement international prévu à ce stade", a dit l'Elysée, sans l'exclure totalement, alors que cela avait un temps été envisagé.
Vendredi 9 mai, Journée de l'Europe, le président français et le Premier ministre polonais Donald Tusk signeront à Nancy, dans l'est de la France, un "traité d'amitié et de coopération" avec la Pologne. Il sera inspiré des traités qui lient la France à ses voisins, l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne, et abordera tous les champs de la coopération, de la défense au nucléaire civil.
La Pologne "est un pays avec lequel nous resserrons nos liens", "notamment dans le domaine de la sécurité et de la défense", en partie en conséquence de la guerre en Ukraine, a dit la présidence française.
Le sort des efforts de Washington pour mettre fin à ce conflit laisse planer l'incertitude sur le reste de l'agenda diplomatique. Alors que l'idée d'un déplacement à Kiev commun de plusieurs dirigeants européens, dont Friedrich Merz, a pu circuler, aucune date n'est fixée pour une visite d'Emmanuel Macron, a assuré mercredi son entourage.
De nouvelles réunions de la "coalition des volontaires", ces pays, pilotés par la France et le Royaume-Uni, disposés à apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine en cas de paix sont suspendues aux tractations entre les Etats-Unis et la Russie.
La trêve du 8 au 10 mai annoncée par le président russe Vladimir Poutine est "très insuffisante" et "très faible", a répondu l'Elysée. La France plaide pour un cessez-le-feu "immédiat et complet", préalable à des négociations de paix impliquant Moscou et Kiev, seules à même de trancher la "question des territoires".
Paris assure que les Ukrainiens et les Européens sont désormais sur la même longueur d'ondes à ce sujet avec l'équipe de Donald Trump.
X.al-Nasser--BT